Le rang Pariseau fidèle à l'histoire



par : Raymond Tardif

Le nom d'un rang est souvent déterminé par une famille qui a marqué son histoire, c'est le cas du rang Pariseau à Victoriaville.

À l'ouest de la paroisse Sainte-Victoire, longeant la rivière Bulstrode, ce rang a accueilli les ancêtres Pariseau suivis par six générations.

En 1878, Louis Dalpé dit Pariseau achète de William Farley le lot numéro 5 du 12e rang du canton de Bulstrode. Louis épouse en premières noces Phélanise Milotte qui lui donne plusieurs enfants et en secondes noces Célina Charest Vézina, veuve.
Louis Dalpé dit Pariseau et son épouse Phélanise Milotte

Louis défriche le lot pour y construire une maison, une grange-étable et d'autres bâtiments. Ses efforts et une terre fertile lui permettent de réaliser ses ambitions.

Louis décéde le 17 juin 1918 à l'âge de 81 ans. Son fils Alphonse, marié à Cordélia Provencher le 12 février 1890, continue l'oeuvre de son père. En 1895, Cordélia décède en laissant deux enfants, Athanase, 4 ans, et Marie Rose, 8 mois. La seconde femme de leur grand-père prend soin d'eux.

Alphonse donne un bel élan à la terre familiale où il a vécu jusqu'à son décès le 12 juillet 1944 à l'âge de 74 ans.

Yvonne et Athanase

Athanase Pariseau, né le 9 décembre 1890, travaille sur la ferme de son père Alphonse avant d'aller rejoindre son amoureuse Yvonne Hamel aux États-Unis, à Lewiston, Maine, où les parents d'Yvonne ont déménagé en 1910 dans l'espoir d'une vie meilleure sur le plan économique.

Yvonne, née le 8 janvier 1892, a suivi ses parents et elle travaille dans le textile comme tisseuse. Elle et Athanase s'étaient connu à l'école pour devenir ensuite des amoureux. À Lewiston, Athanase oeuvre comme ouvrier dans le domaine du bois.
Yvonne et Athanase, mariés en 1912, à Lewiston, Maine

Yvonne et Athanase se marient le 9 janvier 1912 en l'église Sts-Pierre et Paul de Lewiston. C'est le début d'une belle histoire d'amour qui durera 63 ans. Après de longues journées de travail, le jeune couple est heureux de se retrouver dans son petit logis du 376 Lisbon Street.

À la demande de son père Alphonse, Athanase revient au Québec avec sa petite famille pour prendre la relève sur la ferme familiale. Le 4 novembre 1913, Alphonse fait don d'une partie de sa terre à son fils. Le 26 mars 1917, il lui lègue totalement la ferme familiale.
La ferme Pariseau en 1914

Travailleur acharné et polyvalent, Athanase pousse le développement de la ferme encore plus loin. En 1929, il achète une batteuse et, en plus de voir aux travaux sur sa ferme, il va battre le grain chez d'autres cultivateurs avec son équipement qu'il a modifié pour être mobile.
Athanase, à gauche, et son père Alphonse

En hiver, il travaille aux chantiers et, au printemps, grâce à un banc de scie qu'il a adapté, il remplit des contrats de sciage de bois. En plus de tous ces travaux, Athanase trouve le temps pour faire des solages avec de la pierre des champs et bâtir des maisons.
Athanase sur son tracteur en 1935

De son côté, Yvonne n'est pas moins active et novatrice. En plus de prendre soin des enfants, elle participe aux travaux de la ferme, s'occupe des animaux, tond les moutons, carde, file et tisse la laine pour en faire des vêtements confortables.

Désireuse d'améliorer les conditions de la famille, Yvonne fait l'élevage de volailles à compter 1930. Elle fabrique aussi du beurre. Rapidement, elle a sa clientèle à la ville où elle livre poules, oeufs, beurre, crème et du pain.
Yvonne au milieu de ses poules vers 1932.

Encouragés par de bons revenus, les Pariseau commencent l'élevage de vaches Ayrshire pur-sang enregistrées. Au cours d'une quinzaine d'années, leur troupeau atteint une enviable qualité récoltant de nombreux prix dans des expositions agricoles.

En 1942, ils construisent une grange-étable plus spacieuse et plus adaptée aux besoins. En 1953, un incendie détruit leur maison. Athanase en reconstruit une encore plus belle et plus confortable.
La grange, construite en 1942, de la ferme Parisienne

Les enfants Pariseau secondent leurs parents. Yvonne et Athanase ont eu 14 enfants, en plus d'en adopter deux. La vie de famille constitue une priorité pour eux.

Après avoir réalisé leurs rêves et désireux de prendre une serai-retraite, Yvonne et Athanase vendent par encan, le 3 mai 1956, le troupeau et le roulant. Ils vendent la terre et la grange à leur fille Anita et leur gendre Armand Sarazin.

Durant les quinze années qui suivent, Yvonne et Athanase continuent d'habiter leur maison. Yvonne poursuit l'élevage de poules de reproduction (ce qui deviendra l'entreprise avicole de son petit-fils Jocelyn Sarazin), fait de l'artisanat gagnant plusieurs prix dont le 1er en France pour une courtepointe, et s'adonne à l'horticulture. Athanase, toujours aussi habile, s'occupe à des travaux de menuiserie.

Le 30 décembre 1971, le vénérable couple déménage au Centre d'hébergement de Victoriaville. Yvonne est décédée le 6 juillet 1974 à l'âge de 82 ans et Athanase l'a suivie le 1 er février 1982 à l'âge de 91 ans.

Un nom justifié Tel que précité, l'histoire des Pariseau a commencé en 1878 dans le 12 e rang du canton de Bulstrode qui est devenu plus tard le rang St-Louis en hommage à l'ancêtre Louis Dalpé dit Pariseau, le grand-père d'Athanase.

Le nom du rang a ensuite changé pour devenir la Route rurale numéro 3 pour finalement, à compter de 1971, prendre le nom de rang Pariseau en l'honneur d'Yvonne et Athanase. Cette reconnaissance a été pour eux un événement très heureux et la source d'une grande fierté.

Yvonne Hamel et Athanase Pariseau ont une descendance impressionnante dont des membres demeurent toujours aujourd'hui dans le rang Pariseau. Le souvenir de ce valeureux couple demeurera impérissable.

Sources :
- Archives de Rita Pariseau. - Si Sainte-Victoire d'Arthabaska m'était contée (1890-1990)